lundi 30 décembre 2024

Revue de presse cinéma et théâtre


Cinéma


2024 a été une année riche en évènements cinématographiques. Et rien que pour le nombre d’avant premières qu’on a eu entre le TAP-cinéma et le TAP de Poitiers, je me réjouis du changement de direction. Mais les avant premières ne sont pas présentées que dans l’année puisque le Poitiers Film Festival a aussi des créneaux pour des avant premières (qu’il s’agisse de premiers films ou de longs métrage de cinéastes chevronnés). Cela étant dit, il y a aussi des films qui sortent à un rythme effréné en dehors du cinéma d’art et d’essai.


- Dès le mois de janvier on a eu l’avant première du film d’Olivier Py sur Molière : Le Molière imaginaire. J’avais apprécié le film tout en émettant des réserves sur les scènes homosexuelles que j’avais trouvé un peu trop trash à mon goût https://autresarts.blogspot.com/2024/02/le-moliere-imaginaire-olivier-py-filme.html. Malgré cela, le film est de très belle facture et le travail de recherche mené par Olivier Py sur Molière, et notamment sa mort et ses funérailles, entourées d’une épaisse couche d’ombre, est assez i mpressionnant.


- En mai dernier, j’ai vu Petites mains de Nessim Chickaoui avec Corinne Masiero. La mise en avant des femmes de chambre des grands hôtels, souvent précaires, souvent étrangères dépendant de leur employeur (des sous-traitants souvent peu scrupuleux) pour conserver leur travail est importante ne fusse que pour tenter de changer les choses. https://autresarts.blogspot.com/2024/05/petites-mains-quand-linvisibilite.html


- Décembre est le mois du Poitiers Film Festival. Et cette année j’ai vu un certain nombre de courts métrage. Entre la sélection internationale, la compétition So french et les films du pays invité (la Lituanie) et les longs métrages j’ai eu de quoi faire :


> https://autresarts.blogspot.com/2024/12/so-french-une-competition-100-francaise.html


> https://autresarts.blogspot.com/2024/12/poitiers-film-festival-un-palmares-qui.html


> https://autresarts.blogspot.com/2024/12/focus-pays-le-poitiers-film-festival.html


> https://autresarts.blogspot.com/2024/12/une-selection-internationale-de-qualite.html


> https://autresarts.blogspot.com/2024/12/proxima-la-planete-mars-en-ligne-de.html


> https://autresarts.blogspot.com/2024/12/sorry-dave-une-creation-theatrale.html


- Juste après le Poitiers Film Festival, on a eu droit à l’avant première de La pie voleuse, le dernier opus de Robert Guédiguian dans lequel joue son épouse Ariane Ascaride. C’est un film de toute beauté que je vous recommande tout particulièrement. La sortie nationale de ce si beau film est prévue le 29 janvier prochain :

https://autresarts.blogspot.com/2024/12/la-pie-voleuse-un-nouvel-opus-tres.html


Théâtre


J’ai vu pas mal de choses, mais il y en a peu qui m’ont donné envie d’écrire. Le seul article que j’ai publié cette année concerne Dom Juan dont la tournée s'est arrêtée à Poiters en novembre dernier  ; la pièce était remarquablement interprétée mais il y a quand même beaucoup de choses qui m’ont gênée aux entournures. https://autresarts.blogspot.com/2024/11/dom-juan-ou-le-festin-de-pierre-une.html


L’année a été bien remplie et j’ai vu de belles choses, même si je ne les ai pas toujours partagées avec vous. En tout cas, dans les prochaines sorties cinématographiques, je vous recommande sans hésiter La pie voleuse de Guédiguian


Crédit photo : Arthur Péquin

Sorry Dave : une création théâtrale exprès pour le Poitiers Film Festival


 

Si le Poitiers Film Festival est l’occasion de voir des réalisations de jeunes gens tout juste sortis de leurs écoles de cinéma, le public a aussi la possibilité de voir des créations originales. Et Sorry Dave ne fait pas exception. Cette pièce de théâtre écrite et mise en scène par Émilie le Borgne spécialement pour le Poitiers Film Festival sur proposition de Camille Sanz, la déléguée générale de la manifestation se déroule sur une planète indéterminée avec en fond de scène la diffusion de films consacrés à l’espace. Le plus ancien de ces films date de 1902, le plus récent a été réalisé en 2023. pour cette création un peu particulière, ce sont les étudiants de la section théâtrale du CRR* de Poitiers qui ont donné vie aux astronautes imaginés par Émilie le Borgne.


Le public était venu nombreux pour assister à cette création originale qui allie théâtre et cinéma. Bien sûr on était en plein dans le thème puisque le PFF** se concentrait en 2024 sur l’espace (le titre exact était « Rêver l’espace »). Et le public s’est pris au jeu en allant aux diverses projections et « A côtés » organisés pendant cette semaine intensive de cinéma (mais pas que). Sorry Dave, c’est l’histoire d’un groupe d’astronautes qui arrivent sur la Mars. Bloqués sur la planète pendant plusieurs années ils s’organisent pour vivre au mieux dans un environnement hostile. Entre clans, « petits maux », blessures diverses, on vit avec eux pendant toute la durée du spectacle. Cela étant dit, les étudiants de la section Théâtre du CRR de Poitiers ont parfois du mal à faire passer les émotions et les sentiments contradictoires des personnages qu’ils incarnent. Mais d’un autre côté, c’est pour eux une occasion exceptionnelle de mettre en pratique ce qu’ils apprennent à longueur d’année au conservatoire et on ne peut pas attendre d’eux qu’ils aient la même expérience qu’un comédien chevronné.


L’idée de Camille Sanz d’allier théâtre et cinéma était excellente car elle a permis au public de voir ou de revoir des films dont l’espace, la lune, la planète Mars étaient le coeur de cible. Cela a aussi permis de constater que la fascination pour l’espace remonte au tout début du cinématographe dès les années 1900 (Le voyage dans la lune datant de 1902). La collaboration entre Émilie Le Borgne, qui a écrit et mis la pièce en scène, et le Poitiers Film Festival a également permis aux étudiants du Conservatoire à Rayonnement Régional de Poitiers de faire leurs armes sur le vaste plateau de l’auditorium.


Compte rendu, théâtre. Poitiers. Auditorium, le 5 décembre 2024. Émilie Le Borgne (née en 1984) : Sorry Dave. Étudiants du Conservatoire à Rayonnement Régional de Poitiers ; Compagnie Le théâtre dans la forêt. Émilie Le Borgne, mise en scène.


* CRR : Conservatoire à Rayonnement Régional


** PFF : Poitiers Film Festival


Crédit photo : Le théâtre dans la forêt

vendredi 27 décembre 2024

Proxima : la planète Mars en ligne de mire des missions au départ de la Terre


 

La planète Mars est un rêve pour l’ensemble des pays qui ont un programme spatial (États Unis, France, Russie …). Les programmes fleurissent pour tenter d’atteindre d’autres planètes que la lune (faute d’un meilleur terme pour qualifier le satellite de la terre). Proxima n’échappe pas à ce rêve d’ailleurs puisque les russes financent un programme international pour une mission qui va durer un an. Avec Proxima Alice Winocour fait entrer le spectateur dans un univers très macho, très dur ou personne ne fait de cadeau à personne. Et Sarah le prend en plein dans la figure : seule femme à intégrer le programme d’entraînement en vue du départ pour Mars, elle subit de plein fouet les attaques machistes et sexistes de ses collègues (à commencer par le cosmonaute américain qui lui suggère de suivre un entraînement allégé du fait qu’elle est une femme et qu’elle ne supportera jamais le programme « normal »).


Mais Sarah – campée par une très inspirée Eva Green – ne tient pas compte des réflexions sexistes des autres participants du programme et, malgré l’épuisement, les blessures, les doutes elle s’accroche montrant à chacun qu’elle est courageuse et qu’elle mérite autant que ses collègues masculins de participer à la mission Proxima. Mais l’entraînement et la préparation au départ ne sont pas tout, car il faut continuer à gérer la vie de famille ; Stella, âgée de 8 ans, vit mal le départ de sa mère qu’elle ne verra pas pendant plus d’un an. Zélie Boulant-Lemesle est parfaite dans le rôle de la petite fille un peu paumée qui finit par faire la tête à sa mère avant de revenir vers elle. Fille d’une française et d’un allemand (un scientifique), l’enfant parle couramment les deux langues et quand elle est fâchée contre sa mère, Stella ne parle qu’en allemand. Matt Dillon est un Mike sexiste et macho à souhait. Furieux de voir une femme intégrer la mission vers Mars au lieu de rester à la maison pour gérer les enfants et la vie quotidienne, il fait tout pour la décourager. Cela étant dit, les spationautes doivent admettre que Sarah est une femme courageuse et qu’elle est digne de participer à la mission.


C’est un beau film que Alice Winocour a réalisé et dans lequel on notera la participation de l’astronaute français Thomas Pesquet. On regrettera quand même que dans la « vraie vie » si peu de femmes aient participé à des missions spatiales au cours des cinquante dernières années ; la dernière étant la française Claudie Haigneré.


Compte rendu, cinéma. Poitiers. Tap Castille, le 2 décembre 2024. Alice Winocour (née en 1976) : Proxima. Eva Green, Sarah Loreau ; Zélie Boulant-Lemesle, Stella Ackermann Loreau ; Matt Dillon, Mike Shanon …. Sortie nationale : 2019. Durée : 1 heure 47


Crédit photo : Thomas Périllon (pour le Bleu du Miroir)

jeudi 26 décembre 2024

La pie voleuse : un nouvel opus très réussi pour Robert Guédiguian


Voilà bien longtemps que nous n’avions pas eu l’occasion de voir un film de Robert Guédiguian (né en 1953). Avec la prochaine sortie de La pie voleuse (qui n’a de commun que le titre avec l’opéra de Gioachino Rossini [1792-1868] mais dont on retrouve quand même quelques extraits de l’ouverture dans le film) c’est désormais chose faite. Comme de bien entendu, on retrouve avec plaisir l’équipe d’acteurs qui tourne habituellement avec Guédiguian à commencer par Ariane Ascaride, son épouse, dans le rôle féminin principal. Pendant la tournée de promotion du film, qui sortira le 29 janvier prochain, Robert Guédiguian et Ariane Ascaride se sont arrêtés à Poitiers le 15 décembre dernier pour une avant première exceptionnelle qui a eu lieu devant une salle bondée qui a réservé un accueil enthousiaste au couple visiblement très ému.


L’histoire


Maria, la soixantaine, tire le diable par la queue. Pour s’en sortir elle s’occupe de personnes plus âgées qu’elle avec une dévotion extrême. Mais même si ces personnes l’adorent, pour son dévouement et sa gentillesse, elle ne peut pas s’empêcher de voler ci et là un billet de temps à autre et se sert de chèques signés en blanc pour aider son petit fils adoré. C’est une plainte pour abus de faiblesse qui va bouleverser sa vie, celle de sa famille et celle de ses clients.


Une distribution au top


Quand on va voir un film de Robert Guédiguian, on sait qu’on verra un trio de comédiens soudés. Ainsi Ariane Ascaride, Gérard Meylan et Jean Pierre Darroussin tiennent ils les trois rôles principaux de ce nouvel opus. Ariane Ascaride est une Maria remarquable ; Très humaine et dévouée elle prend soin de « ses petits vieux » avec une vraie tendresse, allant même jusqu’à les réconforter les soirs d’orage. Grand mère poule, elle aide son petit fils, excellent pianiste, à vivre ses rêves quitte à se faire prendre la main dans le sac. Gérard Meylan est un Bruno inégalable. Très attaché à Maria, il la désapprouve lorsqu’il la voit gâter plus qu’il ne le faudrait Nicolas avec le fruit de ses larcins. Mais il ne peut rien dire car Bruno est un joueur invétéré : il perd beaucoup d’argent aux cartes et Maria le sait. Ce couple, qui se reforme à chaque film de Guédiguian, est très attachant et mène la danse avec talent. Égal à lui même, Jean Pierre Darroussin est excellent dans le rôle du vieux Mr Moreau. Il est en fauteuil roulant mais il a un sens de l’humour aiguisé et il est si attaché à Maria qu’il déprime et qu’il n’accepte pas vraiment sa remplaçante lorsque Bruno la contraint à s’éloigne de lui et de tous les clients qu’elle a lésé après qu’une plainte pour abus de faiblesse ait été déposée contre elle par la belle-fille de Mr Moreau. Grégoire Leprince-Ringuet campe un Laurent revenchard, en colère contre son père et contre le monde entier. Et Grégoire Leprince-Ringuet rend à merveille les sentiments contradictoires de Laurent qui change du tout au tout après sa rencontre avec Jennifer. Marilou Aussiloux est une belle Jennifer mais elle peine à convaincre notamment dans ses deux ou trois premières apparitions. C’est à partir de la rencontre avec Laurent que la jeune femme devient elle même. Convaincants aussi Robinson Stévenin (Kévin) et Torvald Sondergaard bien qu’ils soient moins présents à l’écran.


Marseille encore et toujours


Un film de Robert Guédiguian c’est aussi la certitude de voir Marseille en toile de fond de l’intrigue. Et comme de bien entendu, Guédiguian nous promène dans les rues de l’estaque avec de petites incursions sur la canebière. Les vues sont splendides, notamment celles que l’on découvre depuis la terrasse de la maison de Mr Moreau qui y passe d’ailleurs beaucoup de temps et pour cause. De la canebière on ne voit que le haut à deux ou trois reprises mais cette avenue rendue célèbre par « Un de la canebière » de Vincent Scotto (1874-1952) a toute sa place dans cette belle fresque.


C’est un film superbe que nous ont présenté Robert Guédiguian et Ariane Ascaride qui ont reçu une ovation debout à leur retour dans la salle après la projection. Et ce nouvel opus mérite grandement l’accueil enthousiaste qu’il a reçu de la part du public venu très nombreux en ce froid dimanche de décembre.


Compte rendu cinéma. Poitiers. Théâtre, le 15 décembre 2024. Robert Guédiguian (né en 1953) : La pie voleuse. Ariane Ascaride, Maria ; Jean Pierre Darroussin, Mr Moreau ; Gérard Meylan, Bruno ; Grégoire Leprince-Ringuet, Laurent ; Marilou Aussiloux, Jennifer ; Lola Neymark, Audrey ; Robinson Stévenin, Kévin; Torvald Sondergaard, Nicolas. Sortie nationale : 29 janvier 2025. Durée : 1 heure 41 minutes


Crédit photo : Rodolphe Faure (pour France Bleu)

samedi 21 décembre 2024

Une sélection internationale de qualité au Poitiers Film Festival


Dès les débuts du Poitiers Film Festival – ex rencontres Henri Langlois – le festival a été dédié au court métrage sous toutes ses formes (fiction, documentaire, film d’animation …). Pour la quarante septième édition du festival ce sont quarante six courts métrage qui ont été sélectionnés. Trente sept d’entre eux l’ont été [sélectionnés] parmi 1375 films reçus pour la sélection internationale ; ils ont ensuite été « répartis » dans huit séries de quatre ou cinq films. Les neuf autres ont rejoint la compétition So French qui a fait l’objet d’un article à part (https://autresarts.blogspot.com/2024/12/so-french-une-competition-100-francaise.html). Contrairement à la quarante cinquième édition de la manifestation (celle qui s’est déroulée en 2022) pendant laquelle j’avais vu une bonne partie des films sélectionnés pour la compétition internationale – au moins quatre ou cinq séries sur les huit – (https://autresarts.blogspot.com/2022/12/poitiers-film-festival-les-court.html), j’ai vu trois séries sur les huit au programme de la sélection internationale Les films que j’ai vus étaient très intéressants, pas toujours vraiment passionnants, mais ils retenaient quand même l’attention pour une raison ou pour une autre.


Sélection Internationale 1 (quatre films) :


- El reinado de Antoine (José Luis Jimenez Gomez ; fiction, 2023. Durée : 18 minutes. Pays : Cuba)


Comment un jeune homme aidant de son père s’évade dans des épopées imaginaires.


- Le Altre vite (Nicolo Folin ; fiction, 2024. Durée : 17 minutes. Pays : Italie).


Grâce à une nouvelle technologie, une institution publique rend possible l’interaction entre les vivants et les morts.


- Tabac froid (Arthur Jamin, film d’animation, 2023. Durée : 10 minutes. Pays : France).


Rares sont ceux qui sortent du silence. La question est : Pourquoi n’en parle-t-on pas ?


- No more pool time (Jonas Baumann, fiction, 2024. Durée : 36 minutes. Pays : Allemagne).


Le nouveau propriétaire d’une piscine est tiraillé entre une promesse faite à sa fille et le gala de charité organisé par sa nouvelle compagne concernant un projet d’alimentation en eau en Afrique.


Sélection Internationale 2 (quatre films)


- Au huitième jour (Flavie Carin,Élise Debruyne, Théo Duhautois, Alicia Massez, Agathe Sénéchal ; film d’animation, 2023. Durée : 8 minutes. Pays : France).


Il a fallu sept jours pour créer le monde ; il n’en aura fallu qu’un pour bouleverser son équilibre.


- Spiritum* (Adolfo Marguilis ; fiction, 2024. Durée : 23 minutes. Pays : Mexique)


Ramiro, jeune toxicomane admis dans un centre de désintoxication reste à l’écart des autres. Progressivement, les expériences et les mots des patients l’obligent à affronter sa réalité.


- Mrs Iran’s husband (Shouhare Iran Khanoum, Marjan Khosravi ; documentaire, 2023. Durée : 27 minutes. Pays : Iran).


Le sultan Mohamad vit dans un royaume au cœur de la montagne avec ses deux épouses, ses 11 enfants et son troupeau de moutons. Il s’efforce de conserver son pouvoir mais son prestige dépend de ses épouses.


- Söder (Raoul Bruck ; fiction, 2024. Durée : 2024. Pays : Autriche).


Kerstin engage un mystérieux jeune homme via le darknet pour se débarrasser de son mari inutile. Mais le tueur à gage présumé, Söder, n’est vraiment qu’un bon à rien qui vit ses fantasmes sur internet.


Sélection Internationale 6 (cinq films)


- The sea in between (Morje Med Nana, Lun Sevrik ; fiction, 2024. Durée : 15 minutes. Pays : Tchéquie).


Alors qu’il aide son père dans l’entreprise familiale, un adolescent renfrogné se retrouve bloqué sur un petit bateau avec un touriste âgé qui lui fait des propositions indécentes.


- Transalpin (Léo Gatiner, Clara Nicolas ; documentaire, 2024. Durée : 21 minutes. Pays : France).


A la frontière franco-italienne, un tunnelier perce la montagne et assèche les ruisseaux. Dans la vallée résonne la colère des villages.


- Dragfox (Lisa Ott ; film d’animation, 2024. Durée : 8 minutes. Pays : Royaume Uni)


Sam, en pleine quête d’identité, voit son chemin bouleversé par sa rencontre avec un mystérieux renard.


- Merry ! (Seungwan Jin ; fiction, 2023. Durée : 20 minutes. Pays : Corée du sud)


Woohee qui a passé l’âge d’être en famille d’accueil, veut et doit faire partie de la société.


- Januari (Jetske Lieber ; fiction, 2024. Durée : 20 minutes. Pays : Pays Bas)


Pour Willem, la vingtaine, Janvier commence par une grosse peine de coeur. Il se retrouve face à cette question : Qui suis je maintenant sans mon ex ?


*Film autobiographique


Ces treize films sont d’une qualité remarquable dans tous les domaines. J’ai eu un énorme coup de cœur pour Dragfox de Lisa Ott (Royaume Uni) et Au huitième jour de Flavie Carin, Elise Debruyne, Théo Duhautois, Alicia Massez et Agathe Sénéchal (France). Ces deux films d’animation durent 8 minutes chacun mais sont parfaits en tout. Je regrette que Au huitième jour n’ait pas été primé (quel crève cœur pour les différents jurys de devoir faire des choix parmi tous ces films exceptionnels) mais Dragfox a reçu deux prix grandement mérités (prix de l’extra court et prix du public). The sea in between (prix du scénario), Januari (prix Manifest) et Transalpin (mention spéciale du jury étudiant) ont également été récompensés bien que The sea in between ne m’ait pas vraiment convaincue (mais il n’en est pas moins très bien réalisé et a le mérite de mettre un coup de pied dans la fourmilière en mettant en avant le gravissime problème de la pédo pornographie et de la prostitution enfantine trop souvent tabou). Spiritum, film autobiographique, (car Adolfo Marquilis a lui même été toxicomane et a séjourné dans un centre de désintoxication) a reçu le prix spécial du jury et c’est également très mérité.


En attendant l’édition 2025 du Poitiers Film Festival, je souhaite bon vent à l’ensemble des réalisateurs qui ont été sélectionnés pour la compétition internationale et j’espère les revoir un jour avec un premier long métrage.


Crédit photo : Arthur Péquin

mardi 17 décembre 2024

Focus pays : Le Poitiers Film Festival invite quatre réalisatrices lituaniennes


Chaque année, le Poitiers Film Festival fait un focus sur un pays. Après le Liban en 2023, c’est la Lituanie qui a été au cœur du focus pays de l’édition 2024 du festival. Camille Sanz, la déléguée générale du Poitiers Film Festival, a invité quatre réalisatrices lituaniennes à venir – ou à revenir à Poitiers, car deux d’entre elles ont eu des films sélectionnés dans la compétition internationale – avec leurs films (films d’animation, courts métrage, longs métrage). Je n’ai pas eu l’occasion de voir les longs métrage et je le regrette car j’aurais eu plaisir à voir de quoi il retournait ; en revanche, j’ai vu les films d’animation et cinq courts métrage sur les dix présentés.


Sept dessins animés peu convaincants


Bien que quatre réalisatrices arrivent à Poitiers Pour le Poitiers Film Festival seules Skirmanta Jakaïté et Eglé Davidavicé présentent des courts métrage d’animation. Si l’intention est parfaitement louable – la culture cinématographique est riche, diverse, variée – le résultat est plutôt décevant. Aucun des films présentés dans cette série de dessins animés n’arrivent vraiment à convaincre. Ils sont bien dessinés, bien réalisés, bien montés mais ils manquent singulièrement d’empathie et de cohérence. Cela étant dit, même si cette série ne m’a pas franchement convaincue, je suis quand même contente de l’avoir vue, ne fusse que pour pouvoir faire la comparaison avec d’autres films d’animation.


Les films


- Non Euclidean Geometry (Skirmanta Jakaïté, 2013. Durée : 11 minutes)

- My birth (Eglé Davidavicé, 2017. Durée : 3 minutes)

- Way Better (Skirmanta Jakaïté, 2022. Durée : 14 minutes)

- Combing (Eglé Davidavicé, 2019. Durée : 5 minutes)

- The juggler (Skirmanta Jakaïté, 2018. Durée : 11 minutes)

- We may meet, We may not (Skirmanta Jakaïté, 2011. Durée : 8 minutes)

- The one who knows (Eglé Davidavicé, 2023. Durée : 12 minutes)


Quatre courts métrage plutôt sympathiques


En ce qui concerne les fictions, elles étaient divisées en deux séries de quatre et cinq films. Je n’ai vu que la première série de films, mais elle était plutôt bien ficelée à tous les niveaux (scénarios, montage, réalisation, musiques …). Cela étant dit, s’agissant de films d’école (les responsables du festival ont ressorti les films de celles de leurs invitées qui sont passées par le Poitiers Film Festival et y ont ajouté des courts métrage réalisés par des élèves passés récemment par l’école lituanienne du cinéma. Cette première série regroupe quatre courts de réalisateurs sortis depuis peu de l’école de cinéma. Les quatre histoires, aussi différentes que possible les unes des autres sont fort bien défendues par des acteurs aguéris qui entrent dans la peau de leurs personnages sans efforts.


Les films


- Closer (Artumo Jausmas, fiction, 2024. Durée : 22 minutes)

- Blausos (Arnas Balciunas, fiction, 2022. Durée : 17 minutes)

- Quiero saber de la vidad (Beatrice Sofia Piesliakaité, fiction, 2024. Durée : 21 minutes)

- It would be splendid yet (Lina Luzité, fiction, 2010. Durée : 28 minutes)


Si j’ai été déçue par les films d’animation, les lituaniens n’ont rien à envier à leurs collègues européens. Le cinéma de cette partie de l’Europe gagne réellement à être connu, et si vous avez l’occasion d’aller voir un film de ce pays, allez y.


Crédit photo : Arthur Péquin

mercredi 11 décembre 2024

Poitiers Film Festival : un palmarès qui reflète la grande qualité des films sélectionnés


Lors de l’édition 2023, j’avais salué un beau palmarès malgré quelques erreurs dans la sélection internationale. Les 37 films sélectionnés pour l'édition 2024 du Poitiers Film Festival étaient d’une qualité exceptionnelle et les jurys ont parfois eu bien du mal à se départager pour attribuer leurs prix. Ce sont treize prix et une mention spéciale qui ont été attribués parmi lesquels deux nouveautés : le prix du collectif 50/50 et le prix de l’écriture créative. S’il y a toujours un moment d’animation qui précède la remise des prix, je dois admettre que l’audio description en direct performée de Marie Diagne qui était bienvenue lors de l’avant première de « Contre toute lumière dansent mes ombres » tombait à plat à l’occasion de la cérémonie de remise des prix. Je me suis également bien ennuyé pendant l’émission de radio animée par Agathe Gallo ; si la jeune femme est une journaliste compétente et agréable à écouter, les redites ont été nombreuses et les hommages à Jean Claude Rullier, pilier du comité de sélection du Poitiers Film Festival disparu en août dernier, ont parfois été un peu lourds ; un peu de sobriété en une si triste occasion aurait été bienvenue. Cela étant dit, la qualité des 37 films sélectionnés (37 sur 1375 reçus par le comité de sélection) a été saluée à plusieurs reprises et, même si je n’ai pas vu l’ensemble des courts métrage, je rejoins l’ensemble des jurys et je tiens à saluer la très belle sélection réalisée à l’été 2024 pour le festival qui vient de s’achever.


Palmarès


Grand prix du jury : El màrtir (Allemagne)


Prix spécial du jury : Spiritum (Mexique)


Prix de la mise en scène : El reinado de Antoine (Cuba)


Prix du scénario : The sea in between (Tchéquie)


Prix du public : Dragfox (Grande Bretagne)


Prix du jury étudiant : Disfonias (Colombie)


Mention spéciale du jury étudiant : Transalpin (France)


Prix du collectif 50/50 : Fatmé (Maroc)


Prix de l’écriture créative : Between the lines (Autriche)


Prix amnesty international France : Mrs Iran’s husband (Iran)


Prix Manifest : Januari (Pays Bas)


Prix Maison du film : Maman danse (Suisse)


Prix de l’extra court : Dragfox (Grande Bretagne)


Prix découverte de la critique française : Toto (Pologne)


Si je suis ravie que l’adorable film d’animation britanique Dragfox (qui met avec talent et sobriété les enfants transgenres en avant) ait reçu deux récompenses (prix de l’extra court et prix du public), je suis également enchantée de voir que nombre de pays ont été récompensés par les différents jurys.


Crédit photo : Arthur Péquin

samedi 7 décembre 2024

So French : une compétition 100 % française dans la compétition


 

Le Poitiers Films Festival a pour cœur de cible, le court métrage d’école. Chaque année le comité de sélection reçoit plus de 1300 films de jeunes réalisateurs du monde entier qui sont en fin d’études. Pour l’édition 2024, ce sont 46 films qui ont été sélectionnés parmi 1375 qui ont été reçus ; 37 d’entre eux ont été répartis en huit séries de quatre ou cinq courts métrages. Les 9 autres, réalisés par des jeunes étudiants d’écoles de cinéma françaises « s’affrontent » dans une compétition à part : So French. Pour cette compétition à part, quatre prix sont remis dès la fin de la projection : prix des lycéens, prix étudiant international, prix du jury, prix du public.


Les films en compétition


- Un été bleu de Juliette Ragot. Film d’animation, 2024. Durée : 8 minutes. École : la Fémis, Paris.


Ce petit dessin animé est assez sympathique, bien réalisé, bien monté, il montre bien l’ambivalence de Louane et d’Aïssa âgées de 14 ans qui profitent d’une apnée pour partager un moment de tendresse.


- Café au lait de Lou Barsali. Documentaire expérimental, 2024. Durée : 18 minutes. École : Master cinéma documentaire, université Bordeaux Montaigne.


Lou Barsali aborde avec talent et sobriété le thème du métissage et de la recherche d’identité des métis au cours des cinquante dernières années.


- Jour de vent de Martin Chailloux, Ai Kim Crespin, Elise Golfouse , Chloé Lab, Hugo Taillez, Camille Truding. Film d’animation, 2024. Durée : 7 minutes. École : École des nouvelles images, Avignon.


Alors que les gens profitent d’une journée au parc, un vent violent et musical se lève bouleversant au passage l’ordre établi.


- Mourir à Oujda de Wissam Bentikouk. Fiction, 2024. Durée : 20 minutes. École : la Fémis, Paris.


Un jeune narcotrafiquant qui a suivi les traces de son père, mort d’une mort violente , finit par « le retrouver » en se faisant assassiner dans une voiture ou il est avec ses amis par un gang rival.


- Jusqu’au dessert de Jules Duclos, Noë Simondi. Film d’animation, 2023. Durée : 4 minutes. École : École des métiers du cinéma d’animation, Angoulême.


Nihno est un jeune homme trans qui se retrouve plongé dans une bulle de négativité. Ses amis tentent de le sortir de ses sombres souvenirs.


- En avant, en arrière de Aurore Engel. Fiction, 2023. Durée : 19 minutes. École : CinéFabrique, Lyon.


Basile tente de se remettre en couple avec Diane qu’il a trompée avec Zoé en emmenant cette dernière lui expliquer que ce n’était qu’un coup d’un soir. De la lâcheté des hommes qui n’assument pas leurs actes.


- Riot Doll de Mrunal Khairnar, Lwazi Msipha, Daria Skripka, Poornima Subramaniam. Film d’animation, 2023. Durée : 7 minutes. École : GOBELINS – école de l’image, Paris.

Bouleversée par la haine qui envahit la société, une jeune livreuse moscovite trouve une curieuse échappatoire pour traiter avec les partisans de la guerre.


- Green light de Bérenger Barry. Fiction, 2024. Durée : 10 minutes. École : CinéFabrique, Lyon.


Hazel et Ben sont potes depuis toujours. Mais aujourd’hui n’est pas toujours.


- La mort du petit cheval de Gabrielle Selnet. Film d’animation, 2023. Durée : 4 minutes. École : La poudrière, Bourg les Valence.


Virée de chez sa mère sans même une paire de chaussures, Gab cherche un appartement dans le chaos des rues de Paris.


Ce sont neuf courts métrages de très belle facture que nous ont proposé les jeunes réalisateurs. Si je n’ai pas du tout accroché à Mourir à Oujda, j’ai apprécié la très belle qualité des films de ces jeunes qui sont en fin d’études.


Le palmarès


Les deux premiers prix sont décernés par les lycéens et les étudiants. Les lycéens viennent de toute la France et sont dans des classes avec option cinéma ; quant aux étudiants, ils sont à l’université dans les classe de FLE (Français Langue Etrangère)


- Prix des lycéens : Café au lait de Lou Barsali


- Prix étudiant international : Café au lait de Lou Barsali


Le jury professionnel a eu du mal a se décider. C’est pourquoi, les jurés ont attribué une mention spéciale ET un prix avec lequel, personnellement je ne suis pas d’accord du tout malgré les qualités du film primé.


- Mention spéciale : En avant, en arrière de Aurore Engel


- Prix du jury : Mourir à Oujda de Wissam Bentikouk


Le prix du public est le dernier à être attribué, mais c’est normal puisque le dépouillement a lieu pendant que les autres prix sont décernés.


- Prix du public : Green light de Bérenger Barry


Crédit photo : Arthur Pequin