samedi 10 décembre 2022

La passagère : une clôture en beauté pour le Poitiers Film Festival


J’ai parlé dans un autre article du palmarès du Poitiers Film festival (https://autresarts.blogspot.com/2022/12/poitiers-film-festival-les-court.html) dont les prix ont été remis juste avant la projection de la dernière avant-première de l’édition 2022 de cette manifestation désormais incontournable du paysage cinématographique français. Et ce dernier film a un trio d’acteurs principaux excellents et qui en font un grand moment de cinéma.


Une rencontre avec l’équipe du film avant la projection


Pendant qu’un public nombreux assistait aux dernières projections des courts-métrages programmés au Poitiers Film Festival aussi bien au TAP Castille qu’au Théâtre Auditorium de Poitiers, Héloïse Pelloquet, la réalisatrice de La passagère, rencontrait quelques journalistes de la presse locale en compagnie de Cécile de France (Chiara), Grégoire Monsaingeon (Antoine) et Félix Lefebvre (Maxence).


Héloïse Pelloquet : La passagère est mon premier long-métrage ; mais avant j’ai réalisé trois court-métrages et moyen-métrages (le dernier Court en date étant Côté cœur). J’adore la forme Court-métrage* qui est une très belle forme, mais je ressentais le besoin de développer mes sujets de prédilection dans un long-métrage : c’est à dire traiter plus longuement la question sociale et donner vie à un personnage féminin actif et fort. J’avais aussi envie de travailler avec des interprètes chevronnés, avec de jeunes acteurs mais aussi avec des non professionnels pour avoir une certaine forme d’improvisation. En fin de compte, ce sont des façons de travailler qui se complètent ; tout comme il est aussi important de montrer des hommes doux et compréhensifs que des femmes fortes.


Cécile de France : Je connaissais déjà les courts-métrages et les moyens-métrages d’Héloïse et je suis tombée sous le charme de ces films. Aussi quand j’ai reçu le scénario de La passagère, je l’ai accepté tout de suite. Et cela me plaisait d’interpréter une femme libre, sans complexes.


Félix Lefebvre : J’ai passé les castings assez tard mais il y a tout de suite eu quelque chose qui s’est passé avec Héloïse qui a un regard sur le cinéma singulier et sensible. J’ai adoré le scénario et Maxence est un jeune homme audacieux et agréable.


Grégoire Monsaingeon : j’ai été très marqué par une certaine forme de rareté et par un cinéma qui s’attache à des choses rares comme la croyance et la foi en la vie. Comme Félix, j’ai passé des essais qui se sont bien passés et comme mes camarades, j’ai adoré le scénario qui est idéal.


HP : C’est un film qui parle de gens qui s’aiment et qui se respectent.


GM : On fait un film que le spectateur vive une expérience unique.


HP : On a tourné à Noirmoutier ; et c’est une petite communauté qui vit la bas. Je ne parle pas d’un lieu en particulier car cela ne m’intéresse pas de localiser d’une manière précise. J’ai aussi voulu tourner un film sensuel dans tous les sens du terme. La mer est le motif romantique par excellence ; et Maxence qui arrive un jour de tempête annonce un peu ce qui va arriver.


FL : Il y a beaucoup de subtilité et de finesse dans ce film.


GM : Le tournage a été festif et très joyeux. On était en sortie de confinement et du coup il y a eu une saine émulation de la communauté et des figurants.


HP : j’ai voulu offrir à Antoine, le personnage de Grégoire, la possibilité d’encaisser le choc et de chercher à comprendre ce qui s’est passé. En partant de l’Île, Chiara fait un geste fort ; j’ai également voulu montrer comment elle y pense [à son départ], comment elle analyse la situation, lui laisser le temps de la réflexion.


La rencontre se termine sur ces mots de la réalisatrice qui a longuement réfléchi tant au scénario qu’à la façon dont elle voulait voir le film fini.


La projection du film


C’est au Théâtre Auditorium de Poitiers que la dernière Avant Première a eu lieu devant un public nombreux. C’est l’histoire d’un couple de Marin-Pêcheurs, Antoine et Chiara, qui prend un apprenti issu d’un milieu bourgeois – Maxence. Antoine qui est aussi syndicaliste participe aux négos [négociations] du Brexit et est appelé à se rendre en Angleterre. Dans le même temps Maxence qui travaille beaucoup avec Chiara en tombe amoureux ; si ce n’est pas réciproque au départ, les sentiments de la jeune femme évoluent. Si es amoureux tentent de rester discrets, la communauté de Noirmoutier est petite et les choses se savent très rapidement et les noirmoutrins se retournent contre Chiara, la quadra, qui séduit un « gamin » qui a 25 ans de moins qu’elle. Pour son premier long-métrage, Héloïse Pelloquet réalise un très bel opus. Les photos, les effets spéciaux, les décors, les costumes, tout y est pour mettre le spectateur dans le bain d’un film qui mérite d’être vu. On ne parlera pas d’histoire à l’eau de rose car on en est à l’exact opposé ; Pelloquet s’est intéressé à des problèmes de société comme la différence d’âge dans un couple (Chiara(45 ans) / Maxence(20 ans) en l’occurrence) ; la vie dans une petite communauté (les nouvelles se répandent plus vite que dans une grande ville, il est donc compliqué de conserver un secret) ; la difficulté d’une vie de marin pêcheur … Autant de sujets qui jalonnent ce film de très belle facture. Le trio principal est très en verve et donne vie avec talent à des personnages fort joliment brossés par une Héloïse Pelloquet très inspirée. Avec Cécile de France et Grégoire Monsaingeaon on a un couple Chiara / Antoine solide ou amour et respect forment la base de leur bonne entente. Quant à Félix Lefèbvre, révélé à 20 ans par le film de François Ozon « Été 85 » (pour lequel il a été nommé dans la catégorie jeune espoir masculin aux césars 2021), il campe un Maxence déterminé tant à apprendre le métier de ses maîtres d’apprentissage qu’à obtenir ce qu’il veut : mettre Chiara, dont il est amoureux, dans son lit. J’ai également apprécié les très belles performances des noirmoutrins qui étaient figurants (comme Noël, par exemple, chez qui Grégoire Monsaingeon et Cécile de France ont été en « stage » pour apprendre les principaux gestes du métier de marin pêcheur) ou qui tenaient des rôles secondaires. Et là, prend tout son sens la volonté de la réalisatrice d’ajouter à La passagère une part d’improvisation face aux trois « pros » qui tenaient les rôles principaux.


Le débat qui a suivi a donné suite à quelques explosions de rire face aux questions parfois idiotes posées par les personnes présentes à cette avant première. Parmi les questions posées, revenait souvent la question des scènes d’amour entre Cécile de France (Chiara) et Félix Lefèbvre (Maxence) : « ce ne sont pas les scènes qui ont été le plus difficiles à tourner » répond Cécile de France. « Nous en avons parlé avec Félix et nous avons choisi ce que nous voulions montrer ou pas » poursuit elle avant d’ajouter : « nos corps sont nos outils de travail ; une fois cela accepté, c’est nous qui décidons de ce que nous voulons en faire ou pas. ». Cette réponse très saine a le mérite de remettre l’église au centre du village sur le métier d’acteur. Héloïse Pelloquet, Cécile de France, Grégoire Monsaingeon et Félix Lefèbvre ont répondu avec bonne humeur à un public séduit et curieux.


C’est une très belle soirée de clôture que e Poitiers Film Festival a offert à un public venu nombreux pour applaudir un film de très belle facture. Et on ne peut que lui souhaiter une belle carrière ; la sortie nationale est prévue le 28 décembre prochain.


Compte rendu, cinéma. Poitiers. Théâtre, le 2 décembre 2022. Héloïse Pelloquet (née en 1988) : La passagère. Cécile de France, Chiara ; Grégoire Monsaingeon, Antoine ; Félix Lefèbvre, Maxence. Durée : 1 heure 35 ; sortie nationale : le 28 décembre


Crédit photo Héloïse Pelloquet : Ouest France

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