mardi 29 novembre 2022

Le parfum vert : Un film policier d’espionnage très réussi signé Nicolas Pariser


 Après les rencontres Michel Foucault qui ont remporté un vif succès début novembre, c’est le Poitiers Film Festival qui ouvre ses portes au Théâtre Auditorium de Poitiers. En ce vendredi soir c’est le nouveau long métrage de Nicolas Pariser qui est diffusé en avant première devant une salle bien remplie. Si les discours des responsables de la structure et des politiques présents et la présentation de la manifestation prennent une bonne trentaine de minutes, le film lui s’annonce palpitant.


C’est donc un film mêlant intrigue policière et espionnage qui débute. C’est l’assassinat, sur scène et devant un public médusé, d’un acteur de la Comédie-Française qui entraîne le jeune acteur Martin Rémi (incarné avec talent par Vincent Lacoste) dans la tourmente. D’abord enlevé peu après la mort de Vlad, il est libéré le lendemain matin et découvre qu’il est soupçonné du meurtre de son ami. Au cours de son errance Martin rencontre Claire, une dessinatrice de BD en manque d’action ; en aidant Martin un peu « à l’insu de son plein gré », mais surtout pour fuir une mère envahissante et une sœur détestée, Claire trouve là une occasion en or de partir à l’aventure. Le duo Lacoste / Kiberlain est sublime dans les rôles de Martin et de Claire ; les deux comédiens font passer leurs personnages par une large palette d’émotions. La méfiance et la peur font peu à peu une place à d’autres sentiments, plus forts, plus intimes. Rüdiger Vogler dans le rôle de l’espion Hartz est excellent et la dose d’intrigue « hitchokienne » du film voulue par Nicolas Pariser prend tout son sens tant Hartz et ses sbires se montrent sous un jour à la fois sombre et mystérieux. Et la musique de Benjamin Esdraffo rajoute une bonne dose d’inquiétude (je ne parlerai pas d’angoisse car le terme me paraît quand même un peu fort) ; j’ajoute au passage que Pariser lui même a indiqué que « les allusions aux musiques du compositeur d’Hitchkok sont surtout audibles dans la scène du rêve ». Les rôle secondaires sont quasi parfaits à commencer par Léonie Simaga qui campe une très belle Louise (l’inspectrice en charge de l’enquête).


Nicolas Pariser réalise là un film de très haute volée dont la sortie nationale est prévue le 21 décembre prochain. Je vous encourage vivement à aller le voir tant vous ne verrez pas passer le temps. Le trio principal du film fait des véritables prouesses et donne à ce film toutes ses lettres de noblesse.


Pour voir le casting complet du film c’est ici : https://www.allocine.fr/film/fichefilm-288261/casting/


Compte rendu, film. Poitiers. Théâtre, le 25 novembre 2022 Nicolas Pariser (né en 1974) : Le parfum vert. Sandrine Kberlain, claire ; Vincent Lacoste, Martin ; Rüdiger Vogler, Hartz ; Léonie Simaga, Louise ; Arieh Worthalter, Aimé ; Jenna Thiam, Caroline ; Alexandre Steiger, le père dans le train ; Lucie Gallo, Carla ; Pascale Reneric, Vlad ; Thomas Chabrol, Fanch. Durée : 1 heure 41


Crédit photo Nicolas Pariser : Eurociné

Crédit photo Sandrine Kiberlain : Jacovides Borde Moreau (Bestimage)

Crédit photo Vincent Lacoste : Jacovides Borde Moreau (Bestimage)

lundi 14 novembre 2022

Les dernières aventures de Nicolas Le Floch sont sorties aux éditions Buchet Chestel


Après le décès de Jean François Parot en 2018 à l’âge de 71 ans, on aurait pu penser que « Le prince de Cochinchine » paru en 2017 serait la dernière enquête du sympathique commissaire Nicolas Le Floch, marquis de Ranreuil. C’était sans compter sur la détermination des éditions Buchet Chastel qui ont confié les enquêtes du commissaire à Laurent Joffrin qui signe là son deuxième opus après « Le cadavre du Palais Royal » paru en 2021.


« L’énigme du Code Noir », se déroule en 1791, deux ans après le début de la révolution. Louis XVI est « consigné » aux Tuileries et Nicolas le Floch, parti en retraite après la fin de sa dernière enquête (cf Le prince de Cochinchine) a quitté la quiétude de sa Bretagne natale pour se remettre au service de Louis XVI. C’est l’inspecteur Bourdeau qui est monté en grade et a succédé à son ami au poste de commissaire au Châtelet. Le meurtre abominable du comte de Fleuriau pendu puis mutilé, son/ses meurtriers lui ont coupé la jambe gauche et le bras gauche comme pour cacher la véritable raison de son assassinat. Cette affaire arque la réunion des deux amis sur fond de grands bouleversements politiques qui les mèneront des bas fonds de Paris jusque dans les méandres de l’esclavage dans les Îles (Guadeloupe, Martinique, Île Maurice) et du fameux code noir édicté pendant le règne de Louis XIV en 1685. C’est aussi l’occasion de croiser le chemin du Chevalier de Saint Georges né esclave mais affranchi par son père, un colon blanc. Fine lame, Saint Georges « entre » en scène en allant se battre en duel contre un adversaire qui avait mis en doute ses origines. Homme d’honneur, courageux et loyal il aidera Le Floch et Bourdeau dès le moment ou les deux hommes l’auront innocenté.


Laurent Joffrin signe un très beau livre. S’il a son propre style, il respecte parfaitement l’ambiance surannée voulue par Jean François Parot sans jamais trahir le style de celui ci. C’est une transition parfaite et très réussie. On ne peut que souhaiter voir paraître bientôt d’autres enquêtes de notre commissaire préféré.


Compte rendu livre. Laurent Joffrin (né en 1952 ) : L’énigme du code noir. Editions Buchet Chastel. 263 pages


Crédit photo Laurent Joffrin : Claude Truong Ngoc

dimanche 13 novembre 2022

Les responsables du Théâtre Auditorium de Poitiers ont annoncé la prochaine édition du Poitiers Film Festival



En ce froid mercredi de novembre Jérôme Lecardeur, le directeur du Théâtre Auditorium de Poitiers, et l’équipe du Poitiers Film Festival ont invité la presse locale à une présentation détaillée de la prochaine édition, la quarante cinquième du nom, de la manifestation. Une manifestation particulièrement riche en évènements puisque, entre autres évènements, il y aura cinq avant-première . Chacun rappelle avec force et beaucoup d’enthousiasme le rayonnement régional, national et international du Poitiers Film Festival qui est une fête, LA fête du cinéma. Au point que des partenariats et des jumelages forts se sont tissés au fil du temps, notamment avec les dix départements de la région Nouvelle Aquitaine. Les responsables du TAP et du TAP – Castille se réjouissent également du retour des spectateurs dans les salles du théâtre et du cinéma d’art et d’essai. Outre les différents rendez-vous professionnels, qui se dérouleront dans d’autres parties du Théâtre Auditorium, des plateaux radio se dérouleront dans le foyer général à intervalles réguliers.


Huit séries de 5 court-métrage


C’est le cœur du PFF depuis ses débuts à la fin des années 1970. L’équipe du Poitiers Film Festival a reçu 1350 courts métrages venus de 65 pays ; ils ont dû faire des choix drastiques pour n’en retenir que 40 venus de 24 pays. Ces 40 courts-métrage seront diffusés en huit séries de cinq au cinéma TAP-Castille et au Théâtre Auditorium ou des rencontres avec les réalisateurs auront lieu à l’issue des séances ; et il faudra être vigilants car le public décernera l’un des prix en votant à l’issue des séances (des bulletins vous seront distribués à l’entrée des salles).


So French


Cette série unique ne rassemble que des court-métrage français. En 2022 il y en a 6 qui ont été sélectionnés parmi 350 court-métrage reçus par l’équipe du PFF. Le prix récompensant la catégorie So French sera décerné à l’issue de la séance.


Um novo novo cinéma/carte blanche au festival Caminhos do Cinema Português


Dans le cadre de l’année France-Brésil, le PFF** dédie une section au cinéma portugais ; cette série succède à celle qui fut dédiée à l’adolescence lors de la précédente édition. Mais en 2021, ce sont essentiellement des longs métrages et des documentaires qui avaient été présentés au public ; à l’occasion de la prochaine édition du PFF, ce sont cinq court-métrage en VOSTF* qui seront projetés. Ce sont également cinq court-métrage présentés lors de la dernière édition du festival Caminhos do Cinema Português (le festival se déroule à Coïmbra, ville jumelée avec Poitiers) qui seront projetés. Il y aura également une projection d’un long métrage, « Terra Franca », réalisé dans le cadre du festival « Filmer le travail » et un apéro-lecture dédié à a littérature portugaise.


French Side Story : 5 avant-premières


Après que l’adolescence ait été mise à l’honneur en 2021, le thème de l’édition 2022 du PFF est la comédie musicale et dans ce cadre, le film de Jean Jacques Demy (1931-1990) « Les demoiselles de Rochefort » sera projeté dans une version remastérisée et sur l’écran géant du théâtre. Sera également proposé au public le film des frères Larrieux « Tralala » sorti en 2021. Mais 2022 est aussi une année très active pour le cinéma français car il y aura cinq avant-première lors de la prochaine édition du PFF. Les projections auront lieu au Théâtre Auditorium (théâtre) ou au TAP – Castille le soir à 19 heurs ou à 20 heures 30 et seront suivies de débats avec les réalisateurs.


- Et cela débutera dès le 25 novembre avec la projection de Le parfum vert de Nicolas Pariser avec Sandrine Kiberlain Vincent Lacoste et Rüdiger Vogler. (sortie nationale : 21 décembre 2022)


- 26 novembre : La grande magie de Noémie Lvovsky


- 29 Novembre : Alma Viva de Chistèle Alvès Meira


- 1er décembre : Mourir à Ibiza (un film en trois étés) de Anton Balekdijan. Attention le film sera diffusé à 19 heures et sera projeté au TAP – Castille.


- 2 décembre (soirée de clôture) : La passagère de Héloïse Pelloquet avec Cécile de France, Félix Lefebvre et Grégoire Monsingeon. Le débat aura lieu en présence d’Héloïse Pelloquet et des trois acteurs principaux. (sortie nationale : février 2023).


Deux ciné-sandwich seront proposés au public les 29 novembre et 1er décembre à 12 heures 30 dans la « petite » salle du Théâtre Auditorium. Pour une fois le public se verra proposer des sandwiches au bar de l’auditorium à moins qu’il ne vienne avec son propre pique-nique.


Éducation à l’image


Pour permettre aux enfants et aux adolescents de (re)découvrir le cinéma, des projections scolaires sont programmées pendant toute la durée du PFF mais aussi des ateliers de formation et des conférences intitulées « mon métier de … »


En famille


Les tous petits ne sont pas oubliés par le PFF avec des séances qui leur sont spécialement dédiées pendant les sept ou huit jours que dure la manifestation :


- ciné Doudou dès 2 ans avec un doudou à l’effigie du PFF leur sera donné pour l‘occasion


- ciné piou piou dès 3 ans


- ciné super chouette dès 6 ans


- ciné concert le 26 novembre


Programme pros


C’est l’autre versant, et aussi le plus important, du Poitiers Film Festival. Car les jeunes réalisateurs primés ne sont pas lâchés dans la nature une fois les projecteurs éteints. Ils sont accompagnés dans le cadre de Talents en court [métrage]. Quatre festivals de la région Nouvelle Aquitaine se sont associés pour accompagner quatre jeunes réalisateurs pendant dix mois de juin à avril par un scénariste et un réalisateur. Ils bénéficient également de l’aide de l’Université de Poitiers, du Conservatoire d’Art Dramatique et de Grenouille Production qui leur fournit du matériel pro.


- Jump’In : accueille 8 jeunes réalisateurs avec un début de scénario qu’ils vont pouvoir travailler dans ce cadre avec des professionnels chevronnés


- Full Circle lab : permet à quatre réalisateurs de long métrages internationaux de rencontrer divers professionnels pour faire leur promotion.


Le plateau Radio fait son show


- Outre le plateau radio installé dans le Foyer Général du TAP, la plateforme en ligne reviendra à l’occasion de l’édition 2022 du PFF ; coût : 10 € pour 21 jours. Elle permet de voir ou de revoir les films du PFF à la maison.


- Comme le thème de la prochaine édition du PFF est la comédie musicale, un échauffement collectif, sera organisé pendant la manifestation.


- Un atelier Bande Son aura également lieu


A retenir 1 : Présentation du Poitiers Festival Film au public le mardi 15 novembre au TAP.

A retenir 2 : Les films primés seront rediffusés le samedi 3 décembre au TAP-Castille

Pour le détail de toutes les séances, les lieux et les horaires c’est ici : https://poitiersfilmfestival.com/


Compte rendu point presse PFF. Poitiers. Petit salon, le 7 novembre 2022. Avec Jérôme Le cardeur, directeur général du Théâtre Auditorium de Poitiers ; Juliette Alexandre, déléguée générale du PFF ; Aldric Bostffocher, directeur du cinéma TAP – Castille ; Élodie Ferrer, déléguée aux programmes professionnels du PFF ; Christophe Potet, directeur des projets artistiques.


* VOSTF : Version Originale Sous Titrée en Français

** PFF : Poitiers Film Festival


Crédit photo TAP : Arthur Péquin

vendredi 11 novembre 2022

La folie à l’épreuve de l’éthique ; l’éthique à l’épreuve de la folie : le professeur Roger Gil captive son auditoire avec une conférence passionnante sur l’histoire de la folie en médecine

 


Si la conférence inaugurale des rencontres Michel Foucault a passionné le public grâce au talent d’orateurs des deux invités du jours (https://autresarts.blogspot.com/2022/11/les-couleurs-de-la-folie-dans-le-monde.html), c’est à une conférence radicalement différente que j’ai assisté le 9 novembre dernier. En effet, le professeur Roger Gil, neurologue, doyen et professeur émérite de la faculté de médecine de Poitiers a donné une conférence autour de l’éthique de la folie et de la médecine. Si le sujet peut paraître rédhibitoire, le professeur Gil, qui a le don de rendre n’importe quel sujet intéressant, a vulgarisé avec talent un sujet sur lequel, là aussi, il y aurait beaucoup à dire.


Une conférence placée sous le signe de l’histoire


Pour bien comprendre à quel points les malades atteints de troubles psychiatriques, les « fous » vivent dans un cocon de nos jours et bénéficient de soins et d’attentions importants, il faut remonter à 1656 et à l’édit de Jean Baptiste Colbert (1619-1683) créant l’hôpital général dans lequel étaient enfermés pêle-mêle les pauvres, les oisifs, les vagabonds, les malades et les fous. Dans ces hôpitaux on soignait tout ce « beau monde » par le travail après que ces malades d’un nouveau genre aient été remis sur pied par des soins médicaux. Si ces traitements, parfois inhumains ont été progressivement abandonnés au fil du temps, il n’a pas été évident de trouver comment prendre soins des fous et des folles. Le professeur Gil s’est référé à plusieurs reprises aux travaux de Michel Foucault, notamment sa thèse, qu’il soutint en 1961 intitulée « Histoire de la folie à l’âge classique » parue par la suite aux éditions gallimard. On ne peut qu’apprécier de voir un orateur aussi passionné par son travail prendre le temps d’expliquer avec une telle clarté l’évolution de la folie sous les projecteurs de l’histoire et de l’éthique.


C’est une conférence de très haute volée digne des meilleurs cours magistraux universitaires qu’a donné le professeur Gil en ce pluvieux mercredi de novembre. C’est d’autant plus remarquable qu’il a utilis un vocabulaire accessible à tous qui nous a permis de suivre sans voir passer le temps.


Compte rendu conférence rencontres Michel Foucault. Poitiers. Auditorium, le 9 novembre 2022. Roger Gil (né en 1943), neurologue, professeur émérite en médecine, doyen émérite de l’UFR de médecine de Poitiers : La folie à l’épreuve de l’éthique ; l’éthique à l’épreuve de la folie. Durée : 1 heure.


Crédit photo Roger Gil : éditions érès

Les couleurs de la folie dans le monde Arthurien : la conférence inaugurale des rencontres Michel Foucault fait le plein


S’il est un thème que l’on n’a pas fini d’explorer, tant il y a à dire sur un tel sujet, c’est la folie. Et il se trouve que les responsables de l’Université de Poitiers et le Théâtre Auditorium de Poitiers ont décidé de s’intéresser à la folie sous toutes ses coutures. Du 7 au 10 novembre, les conférences, tables rondes, lecture sandwich, pièce de théâtre et autres séances de cinéma ont parlé de la folie sous toutes ses formes ; et il y aurait encore beaucoup à dire sur ce sujet tant il est vaste. Si Roland Gori, psychanalyste et universitaire marseillais, a donné une conférence intitulée « Un monde sans esprit » dès 14 heures lundi dernier, la « vraie » conférence inaugurale était bel et bien celle donnée à deux voix par les professeurs Martin Aurell, spécialiste reconnu de longue date d’Aliénor d’Aquitaine et des Plantagenêt, et Michel Pastoureau, médiéviste et héraldiste bien connu, à l’auditorium de Poitiers.


Une ouverture mitigée ...


Qui dit conférence inaugurale dit aussi discours des principaux organisateurs. Si le discours de Virginie Laval, la présidente de l’Université de Poitiers, était dans la norme, malgré une fastidieuse introduction, je dois dédier la palme de l’ennui à celui de l’éditrice des deux conférenciers. Entre une bonne dose de « moi je … », une mini conférence imprévue et des anecdotes qui n’intéressaient que cette jeune femme, j’ai ressenti une profonde impression d’ennui ; ennui partagé par ailleurs par d’autres personnes du public rencontrées après la conférence.


Mais une conférence passionnante


Si Martin Aurell est d’abord connu pour être un grand spécialiste des Plantagenêt (« L’empire des Plantagenêt 1154-1224 » paru aux éditions Perrin en 2003 [republié, corrigé et augmenté, récemment aux éditions tempus]) d’une part et d’Aliénor d’Aquitaine (« Aliénor d’Aquitaine » publié aux éditions PUF en 2020) d’autre part, il connaît parfaitement la légende arthurienne (« La légende du roi Arthur » éditions Tempus, 2018) dont il est question dans cette conférence inaugurale. Et la folie dans la légende arthurienne prend tout son sens dans la bouche de Martin Aurell qui cite à plusieurs reprises des exemples de grands personnages de l’entourage d’Arthur qui sombrent dans la folie une ou plusieurs fois comme par exemple l’enchanteur Merlin, qui se réfugie dans la mythique forêt de Brocéliande ou encore les chevaliers Yvain et Gauvain. Mais quand on parle du roi Arthur, on ne peut pas ne pas évoquer le célèbre troubadour Chrétien de Troyes qui composa à la demande de Marie de France (1145-1198), fille d’Aliénor d’Aquitaine et de Louis VII « le jeune », comtesse de Champagne par mariage, le livre fameux du roi Arthur et des chevaliers de la table ronde.


La science des blasons, est une science complexe certes mais passionnante pour qui s’y intéresse de prêt. Donc, l’héraldique, la spécialité du professeur Michel Pastoureau (auteur entre autres ouvrages de « Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental » aux éditions Points, 2014), est au centre de la seconde partie de cette conférence inaugurale. Les couleurs verte et jaune, que l’on retrouve sur les blasons de plusieurs chevaliers de la table ronde, mais aussi associées à la folie, sont au centre du discours, fort intéressant par ailleurs, du professeur Pastoureau. Pastoureau cite, lui le chevalier Yvain au lion qui une fois marié « s’enferme » dans une routine que son ami Gauvin, un autre chevalier de la table ronde viendra par la suite lui reprocher. Si l’épouse d’Yvain lui accorde une année pour repartir au combat et au tournoi, le chevalier ne voit pas passer le temps et sombre dans la folie une fois l’anneau de mariage retiré doigt d’Yvain par la suivante de son épouse.


Si l’on peut qualifier cette conférence de « savante », on peut aussi saluer le talent du professeur Aurell et du professeur Pastoureau à « vulgariser » l’histoire de la folie dans la légende Arthurienne. Mais le sujet est si vaste, qu’il faudrait quelques journées de conférence pour espérer en venir à bout, et encore …


Compte rendu, rencontre philosophique. Poitiers. Auditorium, le 7 novembre 2022. Martin Aurell (né en 1958), professeur d’histoire médiévale à l’Université de Poitiers ; Michel Pastoureau (né en 1947) héraldiste et professeur d’histoire médiévale à l’école pratique des hautes études.


Crédit photo Martin Aurell : Université de Poitiers

Crédit photo Michel Pastoureau : Editions Payot