mardi 4 mars 2025

Dix idées reçues sur le Moyen Âge : Martin Aurell remet l’église au milieu du village


Le Moyen Âge a longtemps souffert et souffre encore d’une mauvaise réputation. Les idées reçues au sujet de cette période qui dure quand même un millénaire sont nombreuses et le professeur Martin Aurell (1958-2025) en discrédite dix dans ce « petit » livre de deux cent pages qui est très intéressant car il permet au lecteur de découvrir la richesse et le dynamisme de cette période mal connue et mal aimée. Brillant médiéviste, spécialiste émérite de la légende arthurienne (https://autresarts.blogspot.com/2025/03/la-legende-arthurienne-mythe-ou-realite.html) et de l’empire des Plantagenêt (il a notamment écrit deux biographies remarquables d’Aliénor d’Aquitaine reine de France puis d’Angleterre), Martin Aurell récemment disparu (https://autresarts.blogspot.com/2025/02/lhistorien-medieviste-martin-aurell.html) avait le don de partager son savoir sans jamais chercher à s’imposer et de vulgariser l’histoire médiévale en utilisant des termes simples et accessibles à tous.


Et les dix idées reçues qu’il démonte dans cet opus balaient un large spectre de la société médiévale : de la place de la femme dans la société (bien plus importante qu’on veut bien nous le laisser croire) au fanatisme en passant par la place de « l’autre » (notamment les autres religions que sont le judaïsme et l’islam), les croisades (les premières guerres de religions de l’histoire), la culture (d’un dynamisme peu commun), l’éducation, la religion … Autant de secteurs de la vie médiévale qui sont passés au crible tel un procès qui se déroule en présence d’un jury populaire. Et d’ailleurs Martin Aurell dit fort justement dans les premières lignes de sa conclusion : « Accusé Moyen Âge, levez vous ! Le verdict tombe enfin. Les dix chefs d’accusation sont rejetés un à un. Mysoginie, oppression, ignorance, fanatisme … Aucune des charges n’est retenues. » suffisent à montrer à quel point le Moyen Âge est sujet aux moqueries et aux fausses idées.


Si Martin Aurell s’est focalisé sur seulement dix idées reçues – points « problématiques » non négligeables – il y aurait pourtant encore beaucoup à dire sur le sujet tant le Moyen Âge, malgré tout ce qu’il a à nous apprendre, est mal connu, voire même méprisé, moqué, sous estimé. Martin Aurell démontre que jamais il n’y eut autant de découvertes scientifiques, que l’éducation était plus soignée qu’on ne le pense, que les activités physiques occupaiet et que l’activité culturelle étant encouragée partout dans le royaume de France… Autant de secteurs de la vie quotidienne au Moyen Âge que nous devons nous réapproprier.


Compte rendu,livre. Martin Aurell (1958-2025) : Dix idées reçues sur le Moyen Âge. Edition : Flammarion. Date de parution : Octobre 2024. 207 pages.


Crédit photo : Olivier Roller

La légende arthurienne : mythe ou réalité ? Martin Aurell revient sur le sujet

 



Le roi Arthur. Ces trois mots sont le point de départ d’une légende très ancienne. Le mythe de la Table Ronde et de la quête du Graal (Parsifal ne fait pas autre chose le le troubadour allemand Wolfram Von Esenbach (1170-1220) et Richard Wagner (1813-1883) l’ont mis en poème et en musique) font parler d’elles depuis un millénaire. Le professeur Martin Aurell (1958-2025) spécialiste émérite de la légende arthurienne a suivi les traces du mythique roi de Bretagne, allant jusqu’à remonter au VIe siècle de notre ère pour trouver la première mention du nom d’Arthur décrit alors comme un « roi admirable ». Dès la fin de l’antiquité tardive et pendant tout le Moyen Âge, la légende a la dent dure, allant jusqu’à faire d’Arthur un souverain de chair et de sang alors que jamais, même de nos jours, aucun archéologue n’a retrouvé ni sa sépulture ni son palais. Si l’on peut peut suivre les traces, hypothétiques, d’Arthur et de l’enchanteur Merlin dans la célèbre forêt de Brocéliande, on ne peut qu’imaginer les lieux ou ont vécu Arthur, Guenièvre et leur cour.


Martin Aurell retrace la légende du roi Arthur en des termes clairs,nets, précis. On ne peut pas parler du roi Arthur sans évoquer Chrétien de Troyes (vers 1130 vers 1190) dont la geste inachevée, essentiellement consacrée à la quête du Graal, est étroitement liée à Arthur et aux chevalier de la table ronde. Il ouvre un certain nombre de portes pour permettre au lecteur d’en découvrir d’avantage sur la légende arthurienne qui, par ailleurs, a été cinématographiée dès 1963 et mise en musique par Richard Wagner en 1882 (Parsifal). Le roi Arthur a aussi inspiré une série humoristique à Alexandre Astier (né en 1974) : kamelott (série dans laquelle Alexandre Astier incarne un Arthur totalement déjanté).


Les recherches sur Arthur et sa cour sont nombreuses et les historiens qui s’y intéressent ont maints sujets de thèse sous le coude. Martin Aurell ne fait pas exception ; c’est aussi pour cela qu’il a ressorti son ouvrage sur la légende arthurienne : ses dernières recherches lui ont permis d’augmenter de manière raisonnable ce si beau livre. Cela étant dit, il a aussi collaboré avec le professeur Michel ¨Pastoureau pour des ouvrages à quatre mains et conférences a deux voix (https://autresarts.blogspot.com/2022/11/les-couleurs-de-la-folie-dans-le-monde.html).


Le présent ouvrage, dont la première publication remonte à 2007, a été republié dans une version largement augmentée des dernières découvertes de Martin Aurell dont l’apport historiographique, et hagiographique à la légende arthurienne est inégalable et désormais si précieuse.


Compte rendu, livre. Martin Aurell (1958-2025) : La légende du roi Arthur. Edition : Perrin – collection Tempus. Date de parution : mai 2018 pour la présente édition (2007 pour l’édition originale). 920 pages (notes et bibliographie incluses).


Crédit photo : Olivier Roller pour Divergences