mardi 19 novembre 2024

Le Poitiers Films Festival aura lieu du 29 novembre au 6 décembre au Théâtre Auditorium de Poitiers et au TAP Castille


 

Le Poitiers Film Festival, créé dans les années 1970 par l’archiviste Henri Langlois va célébrer en 2024 sa quarante septième édition. Les responsables de la Scène Nationale poitevine ont donné les grandes lignes de la manifestation à la presse locale le 14 novembre dernier.


Raphaëlle Girard (directrice générale du Théâtre Auditorium de Poitiers) :


Je suis très heureuse de vous accueillir pour la présentation de la prochaine édition du Poitiers Film Festival – la quarante septième du nom, déjà – . Le cinéma tient une place aussi importante dans mon projet que le spectacle vivant. Je tiens beaucoup à l’hybridité des genres, c’est pourquoi il y aura un ciné concert le 30 novembre : 16 levers de soleil ; et aussi un spectacle théâtral créé par les étudiants de la section théâtre du Conservatoire à Rayonnement Régional de Grand Poitiers. Nous avons aussi de nouveaux partenaires : l’espace Pierre Mendès France, la médiathèque de Saint Éloi et la médiathèque François Mitterrand. Mais il y a aussi les partenaires presse habituels qui animeront, notamment des ateliers de radio dans le foyer général du PAT.


Camille Sanz (déléguée générale du Poitiers Films Festival) :


Le Poitiers Film Festival est centré sur l’émergence de nouveaux talents. C’est pourquoi, nous invitons les élèves des écoles de cinéma du monde entier à nous envoyer leurs films dès le printemps ;et la sélection se fait pendant l’été. Ce sont 46 films qui ont été sélectionné sur plus de 1350 qui nous ont été envoyé. Comme de coutume il y a 37 courts métrage qui concourent dans la sélection internationale et 9 courts qui concourent dans la catégorie So French. Les différents cycles de courts métrage seront diffusés au TAP Castille pendant le week-end et en soirée ; ils seront rediffusés au TAP en journée dès le lundi, la remise des prix aura lieu le vendredi à partir de 18h30, avant la projection de la dernière avant première du Poitiers Film Festival. En ce qui concerne la catégorie So French, la compétition aura lieu le mercredi soir au TAP et les prix seront remis dans la foulée Bien sûr il y aura des avant premières ; lors de la soirée d’ouverture, le 29 novembre, nous projetterons « Le beau rôle » de Victor Rodenbach qui est passé par le Poitiers Film Festival il y a quelques années. Pour la clôture nous diffuserons « Mon inséparable » d’Anne Sophie Bailly qui connaît une carrière fulgurante puisqu’elle était sélectionnée au Poitiers Film Festival en 2021. En ce qui concerne le fil rouge du festival, cette année nous iront dans l’espace ; car la fascination spatiale est une spécificité française. Quand au focus pays, nous allumerons les projecteurs en direction de la Lituanie ; nous avons invité quatre réalisatrices dont deux sont passé par le Poitiers Film Festival en 2010 pour l’une et en 2015 pour la seconde. Elles ont toutes les quatre un point commun : elles ont fait la même école de cinéma à Vilnius. Pour le reste, il y aura bien sur les ciné midi (ex ciné sandwich) le mardi 3 et le jeudi 5 décembre – profitez en car ce sont les seules fois ou vous aurez l’occasion de pouvoir manger dans la salle pendant une séance de cinéma ; le ciné concert dont Raphaëlle a déjà parlé aura lieu le 30 novembre. Le 1er décembre sera diffusé un film intitulé « Seul sur Mars » et le 5 décembre à partir de 22 heures aura lieu la Big Band Party.


Julien Proust (en charge de l’éducation à l’image)


Le thème de l’espèce est une source d’inspiration qui nous permet de développer des idées originales. Les lycéens confectionneront des doudous le 27 novembre au cours d’un atelier doudou ; ces doudous seront distribués aux enfants pendant la séance de ciné piou piou du 30 novembre (Centre d’animation de Cap Sud à 10h30). Le 1er décembre au matin et le mercredi après midi. Nous organiserons également un atelier de fabrication de fusées miniatures, nous organiserons aussi une série de projections du film d’animation Wall-e en direction des écoles maternelles et primaires du 25 novembre au 10 décembre ; tout cela dans le cadre de l’éducation à l’image en direction des plus jeunes.


Camille Sanz


Bien sur il y aura une séance spéciale pour l’école de cinéma de Poitiers Cinéesi. Nous projetterons également le film « Contre toute lumière danseront mes ombres » dont Sylvain Beaulieu – l’un des deux réalisateurs – est malvoyant ; cela nous permettra de mettre en place l’audio description pour tout le monde afin que les spectateurs sachent comment cela fonctionne pour les non voyants et les mal voyants


Elodie Ferrer (en charge de la partie pro du Poitiers Film Festival)


La partie professionnelle est d’autant plus importante qu’elle sert de lampe de lancement aux jeunes réalisateurs. Lors de l’édition à venir du Poitiers Film festival nous célébrerons le sixième anniversaire de Jump’in. Les jeunes réalisateurs auront l’occasion de rencontrer des professionnels chevronnés qui les aideront dans leurs orientations professionnelles, dans leur parcours d’écriture. Et cette année ce sont sept réalisateurs européens que nous avons invités à Jump’in. Nous avons une implication très forte au niveau régional ; cette année d’ailleurs le Poitiers Film Festival est coordinateur régional de Talents en Court. Et puis il y aura aussi les rencontres entre les étudiants et certains professionnels dans le cadre de « Mon métier de … ».


C’est une édition qui s’annonce riche en évènements à laquelle nous aurons l’occasion d’assister. Si bien sur le coeur de cible du Poitiers Film Festival reste le court métrage, nous aurons aussi des avant premières de film pendant cette très dense semaine de cinéma. Pour tous renseignements complémentaires sur le Poitiers Film Festival et les tarifs c’est par ici : https://www.tap-poitiers.com/wp-content/uploads/2024/11/pff-catalogue-2024-webb-bd_compressed.pdf

lundi 11 novembre 2024

Dom Juan ou le festin de pierre : une lecture spéciale et pas toujours heureuse de David Bobée

 



Molière ! Voilà bien un nom que les collégiens et lycéens de France et de Navarre ne peuvent ignorer tant ses comédies font partie du panthéon des pièces et comédies étudiées pendant une scolarité digne de ce nom. Et si le mythe de Dom Juan est connu de longue date, la mémoire collective retient essentiellement la comédie de Molière – de son véritable nom, Jean Baptiste Poquelin (1622-1673) – et l’opéra de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Soucieux de proposer des spectacles variés au public poitevin, les responsables du Théâtre Auditorium de Poitiers ont invité David Bobée et la troupe du Théâtre du Nord qui tournent actuellement avec une lecture assez spéciale du chef d’œuvre de Molière.


Des inconvénients très gênants et des avantages non négligeables


David Bobée, en charge de la mise en scène et de la scénographie a pris des libertés avec le texte de Molière qui sont parfois assez gênantes voire même assez bruyantes. Pour évacuer les points négatifs d’emblée : Charlotte et Pierrot incarnés par XiaoYi Liu et Hao Yang Wu parlent en chinois ; si l’on ne peut qu’apprécier de voir la diversité d’origines des comédiens qui incarnent les personnages de la comédie de Molière, était il vraiment nécessaire de traduire leurs dialogues en chinois ? Les ajouts de dialogues – notamment l’inutile « prélude » autour du théâtre qui lance la soirée et se déroule devant les rideaux baissés – n’apportent strictement rien à l’intrigue, tout comme la scène du viol de Charlotte et la scène homosexuelle entre le séducteur et Pierrot lorsque Dom Juan rencontre Charlotte et Pierrot sont également de trop. Bref si David Bobée n’a que de bonnes intentions, il est parfois des « revisites » qui sont loupées. Les musiques choisies, plutôt rock, rap, hip-hop … n’ont pas grand-chose à voir avec le chef d’œuvre de Molière qu’elles desservent plus qu’autre chose. En revanche, les lumières sont superbes, les décors – d’immenses statues ou morceaux de statues – sont plutôt sympathiques, les costumes sont corrects (rien de choquant dans l’ensemble). Je dois bien reconnaître par contre que remplacer le père de Dom Juan par sa mère est plutôt une bonne idée (même s’il faut adapter les dialogues mais cela est assez compréhensible en l’occurrence) car cela donne plus de poids à la punition finale de Dom Juan.


Une très belle distribution


Si David Bobée n’a pas eu que de bonnes idées pour sa mise en scène, le Théâtre du Nord, lui, a invité une distribution de très belle facture. Radouan Leflahi est un Dom Juan retors, menteur, séducteur, sans scrupule et sans foi ni loi. Bref nous avons là un vrai méchant dans toute sa splendeur. Shade Hardy Garvey Moungondo est un Sganarelle sensible et compatissant envers les multiples victimes de son maître et sans ces chansons rajoutées par David Bobée, la performance du comédien d’origine congolaise serait parfaite. On voit assez peu Elvire, joliment incarnée par Nine d’Urso, mais elle est souvent évoquée par Dom Juan et Sganarelle ; et l’arrivée des frères de la jeune femme va encore enfoncer le clou. La voix grave de Séverine Ragaine colle assez bien au personnage de Dom Carlos ; quant à la grande stature de Orlande Zola, qui incarne Gusman (le serviteur d’Elvire) et Dom Alonse (son frère) elle fait ressortir toute la colère de Dom Alonse sans efforts. Grégory Miège, qui est aussi assistant à la mise en scène, est convaincant en Francisque puis en Mr Dimanche ; quel dommage cependant que Bobée ait cru bon de placer ici une scène assez humiliante pour Miège.Il était sans doute possible de faire ressortir la brutalité de Dom Juan d’une autre manière que celle ci. Le duo XiaoYi Liu / Hao Yang Wu est plutôt sympathique et j’ai regretté que Bobée ait eu l’étrange et malheureuse idée de faire traduire leurs répliques en chinois pour les scènes entre Charlotte et Pierrot puis entre Charlotte et Mathurin.


Si j’ai passé une bonne soirée grâce à une très belle distribution, il y a quand même pas mal de choses qui m’ont gênée tant dans la mise en scène que dans le choix des musiques. Cela étant dit, cette lecture spéciale de Dom Juan a séduit un public venu nombreux qui a réservé une ovation debout à l’ensemble des artistes présents sur la scène du Théâtre Auditorium de Poitiers


Compte rendu, théâtre. Poitiers. Théâtre le 7 novembre 2024. Jean Baptiste Poquelin dit Molière (1622-1673) : Dom Juan. Radouan Leflahi, Dom Juan ; Shade Hardy Garvey Moungondo, Sganarelle ; Nine d’Urso, Elvire ; Séverine Ragaine, Don Carlos ; Orlande Zola, Gusman, Dom Alonse ; Grégory Miège, Francisque – pauvre –, Monsieur Dimanche ; XiaoYi Liu Charlotte, un spectre ; Hao Yang Wu, Pierrot, Mathurine, La Ramée, le Commandeur. David Bobée, adaptation, mise en scène ; Léa Jézéquel / David Bobée, scénographie ; Stéphane Babi Aubert / Léo Courpotin, lumières ; Wojtek Doroszuk / Fany Derrier, vidéos ; Jean Noël Françoise, musique ; Alexandra Charles / Maud Lemercier, costumes ; Théâtre du Nord, décors ; Sophie Colleu /Grégory Miège, assistants à la mise en scène.


Crédit photo : agneces artistiques.com