samedi 9 décembre 2023

Julien Carpentier et La vie de ma mère ouvrent le 46e Poitiers Film Festival


Le Poitiers Film Festival, qui vient de s’achever, est reconnu de longue date dans le paysage cinématographique français et international. Spécialisé dans la promotion du court-métrage, le Poitiers Film festival promeut également les jeunes réalisateurs en fin d’études ou en tout début de carrière. Mais c’est aussi l’occasion de programmer des avant-premières pendant cette semaine intense. L’une en ouverture de la manifestation, une deuxième en clôture ; il y en a également une, deux ou trois en cours de semaine selon le thème de l’année. Ainsi, pour la quarante sixième édition du Poitiers Film Festival, dont le thème était « faire monstre », ce sont deux avant-premières qui ont été programmées le lundi et le mardi : Rosalie de Stéphanie di Giusto, qui signe là son deuxième film (sortie prévue le 10 avril 2024), et L’homme d’argile de Anaïs Tellenne (sortie prévue le 24 janvier 2024). Comme j’avais d’autres obligations et que je voulais aussi lever le pied par rapport à l’édition 2022, je n’ai pas vu ces deux films.


Pour son deuxième film,
La vie de ma mère, Julien Carpentier aborde le difficile sujet de la bipolarité ; et il le fait fort bien. Agnès Jaoui, dans le rôle de Judith, a tendance à en faire un peu trop ; mais c’est aussi le propre des bipolaires qui peuvent passer en quelques secondes d’une extrême euphorie à une phase de dépression intense. Et Agnès Jaoui rend ces sautes d’humeur avec une justesse confondante. Face à Agnès Jaoui, William Labghil est un très beau Pierre ; Le jeune homme, fleuriste à succès, qui ne supporte plus les incartades de sa mère dont la maladie, très envahissante et énergivore, a éprouvé le besoin de s’éloigner d’elle pour pouvoir vivre sa vie. La dernière fugue de Judith de la clinique ou elle est placée, va tout changer et rapprocher la mère et le fils au cours d’une escapade parfaitement filmée par Carpentier. Néanmoins, l’atmosphère change radicalement à partir de la scène de la chanson pendant laquelle Judith et Pierre, qui a appelé la clinique à l’insu de sa mère car il craint toujours une rechute, chantent en duo. Le jeune homme prend la fuite avec sa mère lorsqu’il aperçoit l’ambulance qui se gare devant le bar ou ils sont en train de chanter ; et cette fuite, qui est l’occasion de revoir l’ancienne maison de famille, permet aussi à Judith de prendre conscience de la situation qui est la sienne : malade, panier percé elle n’a pas / plus les moyens de vivre seule dans une maison et elle est placée sous curatelle dont Pierre est le gérant. Bref Judith apprend à accepter sa maladie tandis que Pierre apprend, ou plutôt réapprent à connaître et à aimer une mère dont il s’était éloigné.


Ce deuxième film de Julien Carpentier a le mérite de faire un focus sur une maladie qui est très souvent méconnue car les personnes qui en sont atteintes passent plus pour des excentriques qu’autre chose. Agnès Jaoui et William Lebghil font honneur à Julien Carpentier en donnant vie à Judith et à Pierre avec beaucoup de talent et d’humanité.


Compte rendu, film. Poitiers. Théâtre, le 1er décembre2023. Julien Carpentier : La vie de ma mère. Avec Agnès Jaoui, Judith ; William Lebghil, pierre ; Salif Cissé ; Alison Wheeler ; Noémie Zeitoun.


crédit photo Julien Carpentier : inconnu

crédit photo Agnès Jaoui : Patrick Fouque

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire